BELLFLOWER d’Evan Glodell (2012) : FILM LIBRE ET CHAOTIQUE
Pour tromper l’ennui, Woodrow et Aiden, deux jeunes californiens originaires du Wisconsin, se fabriquent des machines de guerre. Fans de Mad Max, les garçons confectionnent un lance-flammes et un terrifiant bolide pour se préparer à l’apocalypse. Mais lorsque Woodrow tombe amoureux, le projet est relégué au second plan…
Scénariste, réalisateur, acteur et monteur, Evan Glodell a bricolé son premier film comme une bombe artisanale. Colorimétrie trafiquée, cadrages flous et distorsion d’images constituent le cocktail explosif de cet ovni halluciné. Chaque scène questionne les intentions du jeune auteur. Nous dirige t-il vers la fin du monde ? Cherche t-il à explorer l’apathie juvénile ? Ou emprunte t-il les rails d’un romantisme échevelé ? Bellflower, du nom de l’avenue où se déroule l’inaction de ses personnages, est loin d’être dominé par un genre. Aussi navigue t-il entre délire potache, naïveté sentimentale et scènes d’horreur. Derrière des dialogues cools, émergent un ennui abyssal et le désoeuvrement d’une jeunesse égarée. Chez Woodrow (interprété par le réalisateur) et Aiden, on décèle l’inconstance de ceux qui ne s’engagent pas. Toujours sur le départ, les deux garçons ne se projettent jamais dans l’avenir, préférant se saouler et concentrer leur énergie dans l’inutile. A l’image de leur voiture-whisky, troquée contre une vieille moto, puis remplacée par une « muscle car » nommée Medusa, l’histoire dévie perpétuellement de sa route. Quand Woodrow s’amourache d’une jolie blonde, le film oublie soudainement sa trajectoire nihiliste. Et voilà qu’un souffle de liberté emplit l’atmosphère telle une échappatoire nécessaire à la léthargie ambiante. Mais la chute sera brutale, violente, sanglante. Pour ce cher Woodrow, l’apocalypse se vivra intérieurement, nourrie par son sentimentalisme et sa tendance à l’autodestruction. Ses visions de terreur, réelles ou imaginaires, seront autant de pistes vers un changement radical, une alternative à l’inertie. Parfois, Evan Glodell part dans tous les sens, joue aux montagnes russes, attise le feu pour mieux l’éteindre. On regrette d’ailleurs que ses armes chaotiques n’aient finalement que peu d’usage. Pourtant, plutôt que la référence à Mad Max, Bellflower rappelle la génération X que décrivait Douglas Coupland, cette jeunesse désillusionnée des années 70 qui ne croyait en rien et aspirait fébrilement à être libre. Elle a peuplé les films de Monte Hellman (Two-lane blacktop), Dennis Hopper (Easy Rider) ou Michelangelo Antonioni (Zabriskie Point) avec la même souffrance dissimulée.
Un petit extrait en bonus :
Article écrit le 11 Mars 2012
Titre VO : Bellflower / Pays : USA/ Durée : 1h46/ Distribué par UFO Distribution / Sortie le 21 Mars 2012
C’est un film qui pourrait m’intéresser. Merci, parce que je n’en avais pas du tout entendu parler.
Un film passionnant, mais pourquoi pas de note ?
Merci pour les commentaires. Je ne mets pas de notes aux films « découverte » du blog, ce sont des films un peu à part.