LUV de Sheldon Candis (2012)

PROCHAINEMENT

Présenté en janvier dernier à Sundance, Luv, premier film de Sheldon Candis, était également au programme du Champs Elysées Film Festival, qui se tient à Paris du 6 au 12 Juin 2012. Le jeune cinéaste venu de Baltimore livre une œuvre très personnelle inspirée de son enfance et de son environnement familial tumultueux. Enfant, Sheldon grandit sans son père et n’a que pour seul modèle un oncle qui l’emmène faire des virées en voiture. Ce n’est que quelques années plus tard et grâce à la série The Wire, qui s’est inspirée de ce mystérieux parent, que le garçon apprend la vérité sur ces balades urbaines : son oncle, dealer de drogue, trimballait son neveu pour ne pas éveiller les soupçons de la police. De cette manipulation découverte tardivement, Sheldon décide de faire un film en imaginant ce qu’aurait été son enfance s’il avait su dans quel univers baignait son oncle. A l’époque, il avait 9 ans, son héros en a 11. Woody vit chez sa grand-mère et espère un jour retrouver sa mère évaporée dans la nature. Son oncle Vincent, tout juste sorti de prison sans qu’il ne sache pourquoi, lui propose de passer toute la journée avec lui plutôt que d’aller à l’école. Ce seront sans doute les 24 heures les plus terribles de sa vie…

Pour ses débuts, Sheldon Candis signe un film très maîtrisé avec une caméra qui épouse la fascination du jeune garçon pour son oncle. La douceur des images et la photographie lumineuse du film accompagnent de manière très juste la candeur de Woody. En traitant son sujet du point de vue de l’enfant, le cinéaste renforce l’effet de manipulation dont celui-ci est victime. Ainsi, on se laisse séduire par cet oncle sympathique et pourtant très ambigu. Mais derrière l’esthétisme et l’atmosphère chaleureuse, il y a la violence de Baltimore présente à chaque coin de rue et rendez-vous « d’affaire ». A travers, la quête paternelle de son jeune héros, Sheldon Candis raconte un parcours initiatique vers l’âge adulte. En effet, même s’il est néfaste, l’enseignement de Vincent est nécessaire pour sa survie. Pour servir le propos du film, Sheldon Candis s’est doté d’un très bon casting : le jeune Michael Rainy Jr, le rappeur Common, Danny Hesbert (le président de la série 24h Chrono), Michael Kenneth Williams (de la série The Wire) et surtout Danny Glover. Le seul reproche qui pourrait être fait au film est sans doute le trop plein d’émotion, à certains moments, amplifié par la musique omniprésente. Pour le reste, Luv est une belle découverte qui, on l’espère, trouvera le chemin des salles françaises prochainement (probablement en 2013). A noter que lors de la présentation de son film, le cinéaste a évoqué ses prochains projets : après avoir découvert le documentaire Being Elmo, sur le marionnettiste de Sesame Street, Kevin Clash (originaire de Baltimore, lui aussi), le jeune réalisateur envisage de tourner un film inspiré de sa vie. Sheldon Candis a également indiqué qu’il planchait sur un Oliver Twist, dans une version musicale hip hop, avec Michael Rainy Jr, le jeune acteur de Luv